jeudi 2 avril 2009

Mafat'igués!



Salut zot tout.

Après nos quelques photos de petites ballades et autres couchers de soleil, on s’est dit qu’il fallait qu’on revienne aux choses sérieuses. Finis les marches de seulement 3 ou 4 heures, avec un petit sac à dos contenant juste le pic nique et une bouteille d’eau. On en veut plus maintenant !

C’est donc plein de détermination, gonflés à bloc, que nous nous élançons pour THE rando, dans l’endroit le plus reculé de l’île et surement le plus magique : le cirque de Mafate.
Les sacs à dos sont plein à craqués, les sacs de couchages ficelés dessus, sans oublier la tente, les vêtements de rechanges, la gourde, le casse croute du midi et les repas du soirs…
3 jours de marche, avec bivouac, des chemins avec des dénivelés à faire pâlir le Piton des Neiges, des rivières à traverser, un soleil de plomb, des distances parfois trompeuses, la nature à l’état brute. Bienvenue à Mafate !
Les randonneurs de l’extrême sont de retour !

Bon, c’est toujours plus facile de se la raconter une fois que l’on est rentré chez soi. Mais on ne va pas vous mentir, après Mafate, on a plus de pattes !

On est parti le samedi matin, tout les deux, direction le cirque de Salazie, à l’est, pour commencer notre rando, par le sentier Scout, un des accès à Mafate.
Car ce cirque est uniquement accessible à pied, pas de routes, pas de voiture, seuls les chemins tracés dans la nature restée sauvage permettent de se rendre dans les différents ilets, des sortes de hameaux où vivent les habitants reclus. Tout se fait à pied et les ravitaillements de nourriture, de gaz, et des toutes les nécessités que la vie moderne requiert sont faits par hélicoptère.

Pour se représenter Mafate, il faut s’imaginer une sorte de grande vallée encaissée, mais pas plate (ce serait bien trop facile), plutôt accidentée avec plein de monts, de pitons, à grimper, à contourner et également la rivière des Galets qui creuse encore plus ce paysage, laissant des falaises de part et d’autre de ses berges assez spectaculaires. Et tout ce décor extrêmement vallonné est entouré par des montagnes encore plus hautes, qui sont les sommets principaux de l’île : le Maïdo, le Grand Bénare, le Piton des Neiges, la Roche Ecrite, le Cimendef,… Pour le coup, c’est une réelle sensation d’isolement que l’on peut éprouver.

1er jour :

Pendant le trajet en voiture, le temps extrêmement dégagé nous a permis d’admirer le Piton des Neiges comme rarement on l’avait vue, depuis la Plaine des Caffres. On aperçoit même le gîte, seule habitation sur le versant.




La plaine des Palmistes et la forêt de Bébour-Bélouve:

Une fois garés tout au nord du cirque de Salazie, on ne peut s’empêcher d’admirer ce cirque, le plus vert et le plus riche en végétation, dû aux record de pluies qui peuvent tomber.


Mais assez paressé, on a entre 6 et 7heures de marche qui nous attendent. Et c’est parti, avec le sourire !

Au début le sentier descend, pour nous laisser une vue imprenable sur le cirque. Ca y est, on entre dans Mafate.




Ici vous pouvez voir le Piton Cabri, avec tout au fond, l’ouverture du cirque crée par la rivière des Galets et encore plus loin la ville du Port.


Dès le début le sentier est impressionnant et parfois même vertigineux…

Petit passage d’une crête.


Puis on continue, toujours entre montée et descente.


Les paysages changent également, oscillant entre végétation aride, forêt bien boisée








et végétation plus dense avec des plantes gigantesques.


Et des passages de rivière... Sportif!


Des bambous ENORMES !!





Passage d’une passerelle au-dessus d’un cours d’eau.

Et une remontée assez dure, le long d’une paroi, en plein soleil.


Heureusement que l’ONF est là pour installer des cordes pour s’accrocher et des barrières de sécurité ! Phobiques du vide, s’abstenir !



Au bout de cinq bonnes heures de marche et d’une petite pause pic nique, nous arrivons au premier Ilet :


Des petits sentiers en guise de rue,

L’école maternelle et primaire


Alléluia ! Un petit cour d’eau nous tend les bras, on peut difficilement résister.Une petite trempette bien méritée avec même des jets hydro-massants naturels !



Et on repart pour encore 1H30 de marche, avant d’arriver à Cayenne, l’ilet où nous retrouvons deux copines pour y passer la nuit.
L’entrée est jonchée de petites fleurs multicolores. Vive le mode « macro » sur l’appareil photo !






On plante la tente dans un petit camping, sur une sorte de petit plateau, entouré par les pitons et le haut rempart de la canalisation des Orangers. Un vrai coin de Paradis !




On se fait un bon repas avec les copines à base de nouilles chinoises, de saucisson et du rhum arrangé offert par le proprio en guise de digeo !
A 19H il fait nuit noire, ce qui nous laisse du temps pour contempler les étoiles et la voie lactée. Autour, le silence, perturbé de temps à autre par le bruit impressionnant d’éboulements de roches que l’on entend au loin.

2ème jour :


Impossible de vous expliquer clairement ce que cela fait que de se réveiller au cœur de Mafate. On espère que la vidéo sera plus parlante !


Après un bon petit déj, on refait les sacs pour repartir.


Notre objectif est de nous rendre à Roche Plate, un autre ilet, pour retrouver d’autres copains. Les proprios nous certifient qu’il faut seulement 3heures de marches pour nous y rendre. Parfait, comme ça on y sera pour midi.

Seulement on avait pas tenu compte du fait que les proprios sont nés et ont grandis à Mafate. Autant dire qu’ils s’apparentent à des sortes de mutants de la randonnée, des supermans des dénivelés…
Et les trois heures estimées se sont en fait transformées en cinq heures de marches sur un chemin assez difficile, avec des passages éprouvants… Pour faire simple, on en a chié, et encore, nous restons polis…

Le panneau, au départ de la rando nous indique que le sentier est fermé. Tant pis, on prend le risque ! Le chemin est donc parfois difficile d’accès : les herbes sont parfois très hautes (vive les éraflures !), ou encore il peut être recouvert de petits éboulis de pierres, qui le rend glissant… Super ! Randonneurs de l’extrême on nous appelle, n’oubliez pas !

La vue sur Cayenne où nous avons dormi.



La rivière des Galets que nous avons traversés plusieurs fois, dont une où Flora s’est légèrement trempée jusqu'à épaules…






Un chemin devenu dur à repérer tellement les herbes sont hautes…


Et on grimpe et on grimpe… Et on redescend,


on traverse la rivière


Et on croise même les fameux "Gouzous" du graffeur Jace, petits personnage qu'il met en scène dans des endroits toujours les plus improbables et toujours sur un support non naturel, à savoir des murs, des citernes en bétons, des blocs de ciment...


On remonte… Et il est bientôt midi et on n’aperçoit toujours pas Roche Plate… Et cette chaleur. Difficile ? Mais non, on a juste un peu chaud… !


Bon, heureusement que les paysages sublimes nous font un peu oublier la difficulté et nous donne du courage.




Et au détour d’un virage, on aperçoit enfin l’ilet tant espéré…


Si loin que ça ! Mais s’est pas possible ! S’en suit une interminable montée sous un soleil brulant. Pas de photos, on avait même plus la force ni même l’envie d’en prendre. Un seul but, arriver dans ce foutu hameau !
C’est au bout d’encore 1H30 de marche que nous y parvenons enfin, totalement lessivés, le moral dans les chaussettes tellement on en peut plus… Mafate, ça se mérite, non d’une pipe !
On retrouve les autres copains, on pic nique, on souffle et la bonne humeur revient.
Ce soir on dort à Trois Roche, à deux heures d’ici, donc c’est reparti ! Bon c’est vrai, on est peut être tous un peu sado maso sur les bords…

Mais on a retrouvé la pêche et même les Bibes nous font plus peur !




Vue sur la rivière des Galets qui creuse la roche, semblable à une faille sismique.


Et nous voici à Trois Roche ! Juste avant la tombée de la nuit. Cet endroit est également magique. Un petit cours d’eau qui se termine en cascade, avec sur sa berge une grande dalle de roche toute lisse. Parfait pour le bivouac.




Gwendal nous y retrouve après être passé par Cilaos et le col du Taïbit.




Repas du soir à la lueur du feu de camp.






Habits de lumière.




3ème jour :

Réveil avec un grand et beau soleil.


Certains ont dormi à la belle étoile.


Petit dej, baignade dans la rivière, histoire de se laver un minimum et c’est reparti mon kiki !


Aujourd’hui, dernier jour, notre programme est de remonter vers l’ilet La Nouvelle puis ensuite grimper le Col des Bœufs, pour rejoindre le cirque de Salazie et nos voitures.
Moins de photos pour cette dernière journée, les batteries commençant un peu à se vider.

La rando débute par… une bonne grosse montée, pour changer !
Et là, c’est vrai, au bout du troisième jour de marche, nos petites gambettes, pourtant si bien musclées et fuselées, commencent un peu à fléchir… Le début est donc légèrement difficile, le temps de s’échauffer.
Après avoir bien grimpés, nous nous retrouvons sur un plateau, s’apparentant à une prairie, la Plaine au Sable. Pas de sable, mais de l’herbe bien verte à perte de vue.




L’endroit semble propice à l’établissement d’un ilet, seulement pas de cours d’eau à proximité, parfait par contre pour le pâturage de quelques bovins chanceux.

Et nous voilà arrivés à La Nouvelle. Pffou ! Après seulement 2H30 de marche, à peine. Juste quand on commençait à être un minimum chaud ! Pourtant, on s’est habitué à bien plus maintenant !
Pause pic nique et micro sieste dans cet ilet, qui est la « capitale » de Mafate. Beaucoup d’habitations, de nombreux gîtes et resto peï.


Et vers 15H on repart pour entamer la remontée vers Salazie.


Vue sur La Nouvelle avec le sommet du Maïdo en arrière plan.




Le look du parfait petit randonneur…


Le Piton des Neiges, face nord

Les pentes raides du début de la montée font place à la Plaine des Tamarins, ces arbres tout tordus qui résistent très bien aux cyclones.




Une dernière montée, assez soutenue et ça y est, le Col des Bœufs et franchi, nous sommes sortis de Mafate.
Vue sur Salazie.




Le Cimendef et la Roche Ecrite au fond:




En résumé, une randonnée vraiment sympa, où l’on a commencé à deux et fini à sept. Trois jours de pur bonheur, même si parfois c'était dur et qu’on était un peu à bout. Mais on gardera que le meilleur, le souvenir de ces paysages à couper le souffle étant plus fort que toutes nos courbatures, nos ampoules et nos T-shirts trempés de sueur.

Mafat’igués, mais comblés !